Après avoir fait l'tour du monde, tout c'qu'on veut c'est être à la maison. Parce que c'est la vérité, si Romane est ici aujourd'hui, à Marseille, c'est parce que la maison, sa famille, ses amie lui manquent. Et ça ne peut pas être plus vrai puisqu'aujourd'hui est un triste jour.
Boulevard Charles Morretti, un samedi après midi. Il ne pleut pas, il fait même un soleil radieux. C'est tellement étrange et surtout beaucoup moins cliché que ce que l'on peut voir dans les films, ou dans les livres. Pourquoi faut-il que le ciel pleure lui aussi ? Alors, qu'il y a déjà une famille et des amis pour pleurer sur ce bout d'terre. Un cimetière, bien triste endroit pour commencer à raconter l'histoire d'une vie, l'une se termine l'autre reprend. L'une s'en va, lorsque l'autre tire sa révérence. 
Il y a un petit attroupement devant l'entrée du cimetière le Canet, une foule de personne, toutes vêtues de noires. Toutes portent le poids de la tristesse sur leurs visages. Une mère pleure, le petit frère réconforte la femme qui la mis au monde. Un peu plus loin, un peu à l'écart un couple. Romane regarde le spectacle de loin. Et même si c'est, elle ne veut pas y penser au passé, sa meilleure amie, même si elle connait la famille depuis qu'elle est gamine, elle ne veut pas s'approcher et sentir toute la tristesse du monde. Elle se rapprochera lorsqu'ils seront tous à l'intérieur, autour de l'endroit où Héloïse sera enterrée. Le garçon, à côté de Romane, regarde le spectacle sans trop comprendre. Il ne connait personne, encore moins la personne qui vient de mourir, il n'est rien ni personne ici. Juste un étranger venu s’incruster. Ca va aller ? demande-t-il a sa petite amie. Elle hoche la tête sans dire un mot, émue. La foule entre et le couple suit le mouvement, sans bruit. 
Héloïse est morte il y a une semaine, Romane n'était pas là ce jour-là. Elle était à l'autre bout du monde, en train de faire la fête, de s'enjailler sur du gros son sur une plage à Bangkok. Elle sautait, criait comme si personne n'existait. Elle se sentait libre. Elle ne savait pas qu'à de l'autre côté du globe, sa meilleure amie se crachait dans un arbre, un retour de soirée trop arrosée. Elle s'est envolé dans le pare brise, pendant que sa meilleure amie s'envoler avec quelques petites pilules vers le pays des merveilles. Romane ne se sent pas du tout coupable, même si son comportement pourrait laisser penser le contraire. Mais elle n'a rien à se reprocher, c'était pas elle qui était au volant ce soir-là, ce n'était pas elle qui avait proposé d'aller en boite, de trop boire, qui avait décidé de se prendre un arbre. #valentin.
Une main se pose sur sa hanche et la personne lui vole un baisé sur la joue. Comme si la présence du blond ne servait à rien. Mais aucun des deux ne réagi à cela, Romane ne gifle personne et l'ami ne lance même pas un regard emplit de haine au garçon. Roumanie. Un surnom qui en dit long, un sourire qui en montre trop. On est à un enterrement et la brune sourit comme si c'était le plus beau jour de sa vie. D'un autre côté, elle venait de réentendre sa voix, pas n'importe laquelle, la sienne. Un doux mélange entre Toulon et Marseille, un délice auditif. Une musicalité sans pareil, un timbre à t'hérisser tous les poils de ton corps. En tout cas, c'estl'effet que ce mot, sortit de cette bouche, lui fait. Et c'est encore plus amplifier lorsque l'on sait qu'elle a rêvé de cette voix pendant près d'un an, ne pouvant qu'écouter que quelques raps sur internet, ne pouvant pas entendre son prénom, son surnom, sortir de cet homme. Trop long, vous dira-t-elle, un vrai supplice, pense-t-elle. Alors, en un geste lent et précis, Romane tourne la tête vers le garçon, qui n'a absolument pas changé en une année, et elle lui sourit avant de murmurer avec une voix de petite fille, un poil trop aigüe. Milou. Elle lâche la main du garçon à côté d'elle pour enlacer le dénommé "Milou". Cela reste un geste banal, et pourtant, un geste pour consoler les cœurs brisés. 
D'ailleurs elle ne reprendra pas la main du blondinet, qui l'a accompagné. Une fois hors de là, une fois les condoléances souhaitées à la famille et son retour annoncé, Romane peut enfin rentrer chez elle et loin des regards elle peut à nouveau montrer de l'affection à cet étranger. Merci d'avoir été là, List. Le garçon sourit, ne dit rien, se contentant de lui embrasser le front. Chose très facile puisqu'il fait une bonne tête de plus que la petite brune. Elle l'attrape par la taille et le sert contre lui. Elle pensait qu'ils allaient pouvoir rentrer en amoureux, rien que tous les deux, pourtant le garçon de tout à l'heure les a facilement rattrapé, comme s'il voulait rattraper le temps perdu. Rom ! Attend. La jeune fille se retourne, sec. Elle s'arrête net et le regarde arriver. Tu rentres à l'appart ? Elle hoche la tête en souriant. Elle savait que cela voulait dire qu'ils allaient faire le chemin ensemble, chose qui ne la dérange absolument pas. Ça allait lui rappeler le bon vieux temps, lorsqu'elle le voyait tous les jours. D'ailleurs, Alistair j'te présente Valentin, Valentin Alistair. Romane déteste faire les présentations, surtout lorsque cela implique de présentation son passé et son futur à son présent.

 Un bout de chemin en silence, personne ne parle, chacun remue ce qu'il pourrait ou va dire. D'après Romane, Alistair doit se demander Mais c'est qui ce mec, qu'est ce qu'il veut? et puis à côté de ça, Val peut se dire exactement la même chose. Alistair, avec un blaze pareil on sait très bien qu'il vient pas de Marseille, mais de Mars. Le mec a un prénom on se demande de quel époque il vient, avant ou après Jesus Christ et surtout de quel pays ! Pourtant ce n'est pas sur celui qu'elle aurais parié qui parle le premier. Alors, vous vous connaissez depuis longtemps ?   demande le garçon à un accent écossais un peu trop prononcé. La question était sûrement pour les deux, pourtant il n'avait regardé que Valentin. C'est d'ailleurs lui qui répond  Une vie, je crois. Depuis qu'on est môme on traîne ensemble. lâche Valentin en enlaçant Romane, comme ils l'auraient fait enfant. La jeune fille sourit bêtement, sans comprendre vraiment. Et vous ? Comment ça s'fait tu te retrouves dans la cité phocéenne ? Conversation entre homme, Romane regarde sans commenter. J'ai joué les héros au spring break de Cancùn, depuis on se suit. Et même s'il avait voulu embellir la chose, Alis n'aurait pas pu. Il avait vraiment joué les héros ce jour-là.
Romane était seule, comme toujours, assise à un bar au bord de la plage. Un cocktail à la main, la tête bougeant au rythme de la musique. Et puis un petit groupe de mec s'était ramené, surement dans le but de pécho des petites meufs en vacance. Et quoi de plus facile qu'une fille seule ? Pourtant, Alistair guettait, il était avec sa petite clique et dès qu'il avait sentit que le ton montait, que ça commençait à craindre, il était arrivé. Il faut dire que la petite brune lui avait pas mal tapé dans l'oeil, et quoi de mieux que de jouer les supermans pour aborder quelqu'un ? Et puis elle avait continué la tournée des plages du monde entier avec la clique à Alis, au fil des jours, des semaines, une histoire d'amour commençait à naître. Un moyen d'oublier pour Romane, peut-être que c'était le même but pour le garçon, en attendant aucun des deux ne se plaignait.
Valentin hoche la tête en signe d'approbation, puis ajoute. Tu te souviens quand on jouait au pompier dans l'immeuble ? Il rit, Romane prend ça pour une sorte de surenchère, c'est très certainement le cas. Elle ne veut pas penser qu'il fait ça pour marquer son territoire. Bref, t'es allé où alors cette année ? Romane réfléchit silencieusement, comptant sur ses doigts les pays qu'elle a eu l'occasion de parcourir. Ibiza, la base j'ai envie de dire, après direct Miami, Los Angeles, Cancùn, Rio, Buenos Aires, Melbourne, Bangkok et Marseille. Tour du monde quoi. Valentin hoche à nouveau la tête, comme impressionné. Surtout lorsque l'on sait que pas beaucoup des mioches ayant grandis à Marseille peut se vanter d'avoir fait autant avant d'avoir atteint la vingtaine. Pour le taquiner, Romane rajoute Rage pas, tu quitteras pas la méditerranée, c'pas grave. Elle lui tape l'épaule en riant avant de tourner dans une plus petite rue à l'ombre. Elle voit au loin son appartement, signe que Deen va bientôt partir et qu'elle va se retrouver, seule,avec Alis. J'suis partit à Paname moi. T'as pas vu mes p'tits battles sur YT ? Près de 2 millions de vues chacun. T'peux faire mieux ?   Romane rit avant de répondre  J'y arriverais peut-être en montrant mes seins. Alis, silencieux, ne relève pas. Par contre, Valentin donne une petit claque derrière la tête de la jeune fille avant de compléter Fait jamais ça, compris ? Il a prit sa voix de papa, sa voix d'homme. Signe qu'il a prit de l'âge, qu'il a grandit. Il la gronde comme si elle n'était qu'une enfant, mais Rom n'a jamais été du genre à se laisser faire, à riposter sans rien faire. Même si elle ne dit rien, il y aurait toujours quelque chose qui prouve que ça la gène. La brunette lève les yeux au ciel, avant de s'arrêter devant un appartement. Bon, c'est pas que, mais j'dois aller filmer cette vidéo. Elle claque un baiser sur la joue de Valentin avant de monter, sans plus de cérémonie, dans l'immeuble. Alistair la suivant de près.
Vous vous entendez bien, dit donc. Les premières paroles de Alis eurent l'effet d'une baffe.  Ouais, normal. On a grandit ensemble. lâche-t-elle en ouvrant la porte et en rentrant dans l'appartement, suivant Alis. Elle ne n'ajoute rien de plus, ne voulant pas avoir à parler de son ex avec son futur ex.  Non, non. Y'a autre chose, ça se voit dans ton regard. La manière dont il se comporte avec toi. Romane hausse les sourcils. Qu'est ce qu'il dit ? Est-ce qu'il est vraiment en train de taper un scandale ? Une crise de jalousie ? Tu veux savoir combien de fois on a couché ensemble ? + Quoi ? La vérité eu l'effet d'une bombe, exactement ce qu'elle voulait. C'était vrai, il avait couché, plus qu'une simple baise d'un soir, plus que quelques coups. Ce qu'ils avaient c'était beaucoup plus que ça. Ben au moins t'auras pas à aller cherche, dans tout Marseille, l'mec qui m'a tout appris, pour l'défoncer, tu l'as déjà rencontré. Si Romane avait eu les yeux posés sur le garçon, elle aurait sûrement vu sa mâchoire se décrocher, mais elle ne l'avait pas devant elle, elle ne le regardait pas. Elle analysait plus l'appartement qu'elle possédait jadis, et que squattait maintenant sa soeur. Attend, attend.. quoi ? A croire que le seul vocabulaire, français, qu'il connait était ce petit mot "quoi". Va-y pète ta crise, j'vais prendre l'air. Surement trop gros, au fond il ne s'était rien passé de grave pour qu'elle puisse dire ça. Pourtant, Romane en avait déjà marre, elle supporte déjà plus Alis. Et si elle ne sortait pas de l'appartement, ça ne risquait pas de finir bien. Alors, elle préfère partir, fuir. Elle claque la porte de l'appartement, ne sachant pas trop où aller.

Pourquoi est-ce qu'elle a autant de rage au fond d'elle ? Jamais elle ne s'était disputée avec List, c'est étrange. Pourtant elle ne cherche pas à comprendre, juste à se vider l'esprit, se retrouver dans sa ville. La ville qui l'a accueillie à bras ouvert il y a bien longtemps. La ville qui la vu grandir, elle connait chacune de ses rues par coeur, elle ne pourra jamais s'y perdre. Elle connait tout le monde et tout le monde la connait. Ce qui n'est pas très pratique lorsque l'on a dans l'idée de passer inaperçu. La dernière chose dont Romane a envie c'est d'aller raconter son voyage à toute la clique, pas qu'elle n'en a pas vraiment envie, mais cela implique forcément de mentionner le nom d'Alistair et d'expliquer comment cela se fait-il qu'il squatte son lit Marseillais. Traîner avec lui sur la plage, c'est une chose, mais le ramener chez soi s'en est une autre. Pourquoi il estici d'ailleurs ? De nature impulsive, Romane l'avait invité sur un coup de tête, première rencontre et déjà elle lui promettait de lui faire visiter la France et plus particulièrement la seule ville qui lui tien vraiment à coeur, Marseille. 
On aurait pu penser à la ville qui la vu naître, Toulon, pourtant ce n'est pas sa ville. Elle n'y a pas vécu longtemps, elle n'y a été seulement de passage pendant les vacances pour voir ses grands-parents. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle a fait la connaissance de Valentin.
Valentin, surement la raison de cette stupide dispute, sans queue ni tête. Il était devenu follement silencieux à l'arriver du garçon, fou tout simplement. Alis est comme ça, il observe, ne dit rien, mais il ne faut pas attendre très longtemps pour que ça pète, pour qu'il en dise assez pour faire comprendre qu'il est énervé. Il ne le dirait jamais clairement, préférant les onomatopées aux phrases complètes. C'est comme ça, il est étrange. Surement le voyage qui l'a rendu comme ça, violent. Parce qu'il ne faut pas se fier au apparence, si Romane lui a proposé d'aller défoncer la gueule de son première vrai petit copain, ce n'est pas pour rien. Après avoir faire un demi tour du monde avec une personne, on apprend forcément à connaitre et à vivre avec la personnalité de l'autre. Et s'il fallait décrire en un seul mot le garçon, violent serait le mot idéal. Il ne faut pas se fier aux apparences, Alis est très violent, près à se battre dès que le moment se présente. Il aime essuyer le sang de ses victimes, sentir les coups, ses poings glisser le long de la joue de son adverse, ses genoux dans l'estomac, la tête contre tête. Et s'il en ressort indemne, il n'est pas satisfait. Ce qu'il préfère, devoir essayer le sang sur ses poignets. Alors elle sait comment tout ça va se finir, un bain de sang. Rire silencieux, non il n'y aura aucun combat, Valentin n'est pas comme ça, il n'est pas près à se battre, pas pour elle en tout cas.
Valentin il est pas violent, mais pas pacifiste non plus. Il a vécu qu'avec sa mère, sans père pour lui apprendre la vie. Alors il respecte les femmes et les protège comme il la toujours fait avec sa mère. Il a été le roi du petit appartement de la tour d'ivoire, il devait donc veiller à ce que tout le monde aille bien, sa mère, sa grand-mère et sa petite soeur. Et puis au fil des années, Romane aussi s'était faite une place dans cette famille, chouchou de la grand-mère et grande soeur toujours rêvée de la cadette,. Pourtant, la maman n'était et ne l'est toujours pas, fan de la petite brune, criant haut et fort qu'elle causera la perte de son fils chérie.
A l'idée de ses souvenirs, Romane tire dans une canette vide, qui traînait sur le trottoir. Qu'est ce qu'elle peut bien faire, maintenant ? Elle ne peut pas retourner à l'appart, elle ne veut avoir à rester avec Alis, seule chez elle, ça c'est hors de question. Elle continue de marcher, direction le vieux port, histoire de pouvoir réfléchir à un endroit où dormir. Chose plus facile à penser qu'à trouver, elle n'avait donné absolument aucune nouvelle, à personne mis à part sa soeur, Calista et Ivan, alors à part le garçon elle n'avait aucun endroit où aller. Pourtant, elle ne veut pas aller toquer à sa porte et lui demander de squatter le canapé à peine rentrée. Elle ne veut pas avoir l'air d'une galérienne. 
Une fois au vieux port, une foule attire son regard, du son résonne sur la petite place. Surement des artistes de rues venus montrer ce qu'ils savent faire. A l'abris du soleil, sous ce majestueux cube en verre, c'est là où tout le monde se rassemble pour découvrir les nouveaux talents. La plus part du temps c'est des danseurs qui font le show, quelques fois des graffeurs, mais ce qu'elle préfère c'est voir ses amis rapper ici. C'est pour cette raison qu'elle prit pour y trouver au moins un des gars du Crew, peut importe qui, du moment qu'elle le connait. Elle accélère le pas, jusqu'à atteindre le début de la foule. Elle commence à entendre plus distinctement des phases et surtout la voix distincte d'un garçon qui zozote. Un sourire apparaît sur ses lèvres alors qu'elle se fraie un chemin vers le centre. Et comme elle l'avait prévue, Ivan, aka Jazzy Bazz, était bien là en train de rapper avec Andreas. Elle reste devant à écouter silencieusement un son qu'elle les avait vu écrire il y a longtemps, heureuse d'être de retour à la maison.