« Tu vois, ce n'était pas si long que ça. » murmura une jeune femme à sa fille.

La jeune fille, d'environ dix-sept ans, haussa les épaules. Si le voyage avait été long ? Bien sûr qu'il l'avait été. Elle avait passé près de trente-cinq heures assise à côté d'un gros qui puait, suait, mangeait et ronflait alors que son frère avait été à côté d'une très jolie fille. Pas qu'elle aurait préféré être à côté de cette fille, non, si elle avait eu le choix elle aurait été à côté d'un magnifique blond, de préférence avec les yeux bleus, plutôt grand et super bien foutu. Mais non, elle avait dû supporter Homer Simpson pendant une journée et demi.

« C'était le destin, Ness. » nargua le garçon qui était assis à l'avant de la voiture, juste à côté de sa mère.

« La ferme Harry ! » insulta la dénommée Ness.

Elle se trouvait à l'arrière de la voiture et boudait. Elle en voulait à sa mère d'avoir quitté Flinn, de l'avoir obligé, elle et Harry, à quitter Nouméa pour s'installer en Angleterre. Elle s'était renseignée avant le départ, et ce qu'elle avait lu ne l'avait pas du tout rassurée. La température, le climat, la météo, les gens, plus rien n'allait être comme avant. Fini le soleil 365 jours par ans, et bonjour la pluie, la neige et le froid toute l'année. Fini les bikinis, le bronzage toute l'année, les surffers. Elle savait que plus rien n'allait être comme avant, elle en voulait fortement à sa mère. Ce n'est pas parce que l'on quitte son petit ami qu'on est obligé de migrer sur un autre continent, hémisphère. Si ils s'étaient marier, Nelya était sûre que sa mère aurait décidé de quitter la Terre pour partir s'installer sur une autre planète.
La jeune fille observait le paysage défiler à travers la vitre fumé de sa nouvelle voiture. A l'avant, son frère et sa mère discutaient de tout et de rien. A croire qu'il ne lui en voulait pas de lui avoir fait quitter ses amis, à croire qu'il n'avait pas été obligé de laisser une partie de lui-même à Nouméa. Nelya avait laissé un bout d'elle en Nouvelle-Calédonie, son amoureux. Un magnifique Australien du doux nom de Judikaël. Il était beau, magnifique, un sourire d'ange. Elle n'en revenait pas qu'elle l'est laissé là-bas. Elle savait que, même s'ils avaient décidé de tester la relation longue distance, ils n'allaient jamais tenir plus d'une semaine. Ils n'allaient plus se revoir, peut-être se parler, mais c'était tout. Nelya était triste à l'idée de le perdre. Ce qui est une sensation plutôt étrange puisqu'elle ne lui avait jamais été vraiment fidèle, elle savait que lui non plus. Ce n'était un secret pour personne. Mais quand même, cela lui faisait mal de devoir l'abandonner.

« T'en fait pas, tu trouveras sûrement un autre Kaël en Angleterre. Pas aussi beau, c'est un miracle qu'il est accepté de sortir avec toi, mais tu trouveras sûrement un quatre ou un cinq sur dix, ici. » taquina Harry.

Il adorait embêter sa sœur. Ils n'ont que douze mois d'écart, mais le garçon ne peut s'empêcher de rappeler à sa sœur qu'il est le plus grand, et depuis le départ de leur père, l'homme de la maison. Malheureusement cela n'est pas pour avantager la petite Nelya, qui est obligé de super les réflexions de son frère à longueur de journée. D'ailleurs elle ignora complètement celle qui venait de lui faire, et continua à observer le paysage.
La ville était sombre, et seulement éclairée par les éclairages publics. Il était encore tôt, environ six heures du matin, de ce fait il n'y avait absolument personne dans les rues de la ville. Nelya aimait beaucoup ce sentiment, elle se sentait seule au monde, et pour la première fois elle avait l'impression d'être encore chez elle, à Nouméa. C'était un de ses endroits préférés là-bas. Une petite plage tranquille, où il n'y avait jamais personne le matin et le soir, seulement des personnes qui vivaient à Nouméa depuis un certain temps, des habitués. Aucun touriste ne venait sur cette plage et Nelya en avait rapidement fait son petit endroit secret où elle passait ses nuits. Et maintenant qu'elle emménageait dans une nouvelle vie, il allait falloir qu'elle se retrouve un endroit tranquille pour passer les nuits où elle ne trouvait pas le sommeil. Nelya est insomniaque, elle n'arrive pas à dormir la nuit, elle n'arrive à trouver le sommeil que très tôt le matin, lorsque les gens se réveillent et partent travailler. Elle aime penser qu'elle veille sur la nuit lorsque tout le monde est inconscient. Sauf que ça ne l'aide pas à avoir une vie saine, sa mère est toujours en train de lui crier après lorsqu'elle rendre sur les coups des six heures du matin. Mais maintenant qu'elle vivait dans une vraie ville, elle avait peur que sa mère soit encore plus stricte sur ses sorties nocturnes.
La jeune femme qui conduisait la voiture prit un virage serré et s'engouffra dans une petite rue. Des voitures étaient garées sur les deux côtés de la route et tout un tas de maison, quasiment identique, étaient dressées les unes à côté des autres. La jeune femme se gara sur une place vide, en face d'une maison en brique rouge. Elle se tourna vers ses enfants, un large sourire sur les lèvres, et dit joyeusement :

« Bienvenue à la maison mes bébés. »

Harry n'avait pas l'air aussi heureux que sa mère, mais il avait l'air plutôt content d'être ici, en Angleterre, devant sa nouvelle maison. Il n'avait pas du tout la même expression que sa sœur qui avait vraiment l'air dégoûtée d'être ici. Le garçon sortit de la voiture, suivit de sa mère et de sa sœur. Puis la mère et le fils se dirigèrent vers l'entrée de la maison, afin de pouvoir voir, pour la première fois, à quoi ressemblait leur nouveau chez-eux. Nelya, quant à elle, resta devant la voiture et observant le voisinage. Tout était très calme, cela devait être un quartier de vieux, rien de bien marrant. A moins que les voisins d'en face soit du genre à s'embrasser fougueusement devant la fenêtre de la cuisine. Mais elle en doutait. Pourtant, un bruit provenant du bout de la rue attira son attention. Deux adolescents étaient en train d'arriver, le plus sereinement possible. Il parlait plutôt fort, de quoi réveiller les petits vieux d'en face et les faire s'embrasser devant leur fenêtre. Mais de voir que ce n'était pas seulement un quartier de centenaire, redonna le sourire à Nelya. Ness ne pouvait s'empêcher de fixer le garçon et la fille qui arrivait vers elle. Lui était plutôt grand, brun, presque mignon même. Elle souriait intérieurement à l'idée d'avoir un bon huit sur dix qui vivait dans sa rue. La jeune fille qui l'accompagnait faisait beaucoup moins sourire Nelya, si ça se trouve elle était la copine de ce huit sur dix, ce qui signifiait qu'il n'y avait plus aucun intérêt pour Nelya de vivre dans ses rues, autant sortir avec un des centenaires qui vivait ici.
Les deux jeunes gens se rapprochait lorsqu'elle sentit une présence derrière elle.

« Plutôt mignonne. » lâcha Harry.

Nelya se tourna vers son frère, arborant un grand sourire ce qui signifiait qu'elle allait se faire un plaisir de lui briser ses rêves.

« Si ça se trouve elle est avec son copain, tu sais. Alors arrête de baver et rentre les valises. » Dit-elle en se retournant pour rentrer à l'intérieur de la maison.

Harry resta devant la voiture, observant le jeune garçon et la jeune fille qui rentrait dans une des maisons en face de la sienne, souriant bêtement. Copain ou pas, il allait jouer de son charme.