Tous les jours, tu te réveilles. Toujours la même routine que tu t'infliges jours après jours. Tu te réveilles dans ta chambre beaucoup trop blanche, tous les jours tu as la même sensation au fond du ventre. C'est dur, mais tu fais avec, tu n'as pas le choix., tu dois vivre avec. Des papillons ont pris possession de ton estomac, pas de ceux qui se niches dans tes entrailles lorsque tu es en amour, pas de ceux-là, non. Malheureusement. Tu préférerais que ce soit ceux-là, de pouvoir te réveiller, ouvrir les yeux et voir le monde avec des yeux emplies d'amour. Mais tu ne peux pas. Ce sentiment, tu l'as banni il y a bien longtemps, si longtemps que ton cœur est vide depuis des décennies. Tu en as oublie comment c'était, cette sensation de bonheur constante, cette manière de voir le monde avec les yeux fermés. Cette manière de vivre avec des étoiles dans les yeux et un sourire constant et béant sur le visage. Tu aimerais, mais tu ne peux pas. Alors, tu fais avec, tu es obligé. Tu ne vis plus, tu survis. Tu as l'impression qu'à chaque fois que tu prends une bouffée d'air, cet air est remplis d'eau. Tu ne respires plus, tu te noies. Et le plus dur c'est de voir les gens, cette mer de gens, autour de toi qui ne se noie pas, mais qui vivent.

Alors tous les jours tu survis, ta routine te garde en vie. Combien de temps encore ? Tu ne sais pas, il y a des jours meilleurs que d'autres, des jours ou l'espoir est à tes côtés, et puis il y a les autres. Ces jours ou tu donnerais ta vie pour arriver à respirer à nouveau. Tu donnerais ta vie pour vivre avec un véritable sourire sur le visage. Mais pour cela, il faudrait mourir.

Tu erres sur terre comme un fantôme, personne ne le remarque, personne ne te vois, tu erres, c'est tout. De toute manière tu préfères que ce soit ainsi, tu n'aimerais pas recevoir des questions idiotes te demandant comment tu fais, ce qui ne va pas. De toute manière, tu n'en sais rien. Tu ne sais pas ce qui ne vas pas. Tu es incapable de répondre à une question aussi simple que « Est-ce que ça va ? » Tu es incapable, tu es un incapable.

Alors tous les jours, tu espères que ce sera le dernier, le dernier jour de ta vie, le dernier jour où tu auras à répondre à « Comment vas-tu ? »

Et quand bien même tu leur répondrais, combien de personne cela intéresserais ? Aucun.