MILIEU DE L’ANNÉE, MOITIE D'UN TOUT
welcome to the inner workings of my mind so dark and foul I can't disguise, can't disguise nights like this I become afraid of the darkness in my heart

Il eut un long cri. Il traversa la ville, de part en part, il réveilla ceux qui dormaient, il glaça le sang de ce qui ne comprenait pas. Personne n’a compris, pourquoi il a hurlé. Pourquoi, dans sa chambre, après avoir tourné, tourné, tourné en rond, il avait hurlé, à la mort.  Un son inaudible, que, dans la maison, personne n’a voulu entendre. Après un moment, après qu’il se soit débattu, seul contre lui-même, il s’est tu. Le silence a de nouveau envahit la ville, le vide a repris sa place dans son âme. Il a vécu, adieu.
Et puis, le vide. Le néant, le silence. Il n’y a rien eu. Des murmures après qu’il soit passé, avant qu’il se réveille, après qu’il est quitté la table. Ils parlent, ces gens qu’il n’a jamais considérés comme sa famille. Des mots durs sont chuchotés pendant qu’il n’est pas là. Il les entend, parce qu’il écoute aux portes. Il entend son prénom, il est attentif, il a l’oreille qui traine. Et puis ça change, il est attentif après des mots beaucoup plus méchants, parce qu’ils sont devenus ses surnoms, le fou. Il est fou.

être calu

traduction : < il est complètement fou ce type >
utilisé : notamment dans le sud
synonymes : fada, frâlé

Maman est morte, papa aussi. J’regarde ces gens en noirs, autour de moi, et j’comprends pas pourquoi je ne suis pas en train de pleurer. Pourquoi est-ce que je ne suis pas dévasté ? J’viens de perdre le dernier fil qui m’obligeait à parler. Je n’ai plus rien, plus personne. J’crois que l’on me regarde bizarrement. J’crois même que l’on murmure à mon sujet. J’essaie de ne pas écouter, j’me focalise sur la boue, sur le ciel bleue, sur le soleil de fin d’après-midi. J’comprends pas trop pourquoi il fait beau. Je crèverais presque de chaud avec mon costume noir.
J’retourne mon pied gauche dans l’herbe. J’ai peur qu’on me demande de dire quelque chose. J’essaie de me fondre dans la masse, de passer pour un passant, de n’être rien. Et puis on ne me remarque pas, on ne me demande rien. Certains viennent faire les hypocrites, d’autres m’évitent. Je sais très bien que l’on n’aimerait pas attraper quoi que j’ai. La folie, la malchance.
Aujourd’hui, je suis seul et j’crois que tout le monde pense que c’est de ma faute.
Alors demain, je pars.

calu

calu est un dieu des morts de la mythologie étrusque antérieur à Aita

Il a mis les voiles, Luca. Il est parti à l’aventure. Il a pris son sac à dos et à chercher à s’adapter, à se fondre dans la masse. Il voulait devenir invisible, ne pas être connu, n’être qu’un rien, un grain de sable sur la plage, pas dans ta chaussure. Il a quitté sa ville, il a pris son baluchon et est venu ici. Pourquoi, comment. Ses pieds l’ont amené. Il comprend pas, alors il fait la tête. Il fait la tronche, il sourit pas, il parle pas. Il ne se fait pas remarquer.
Qui es-tu ? Que veux-tu ? Rien, juste ne pas être vu. Luca on t’a renommé, Calu se sera. Le fou inaudible. Tu ne parles pas, tu ne parles plus. Murmure, chut.
Il a l’impression d’être incomplet, peut-être le compléteras-tu ? Il a besoin de l’autre moitié de l’année, il lui manque presque 182 jours pour être un tout.

idoni

origine : Italienne
signification : convenable approprié